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Chers amis,

Tous des frères, cela signifie que nous allons tous devenir des saints. C’est le magnifique défi que nous invite à relever le Saint-Père dans sa récente encyclique Fratelli Tutti. En cette fête de Toussaint, soyons attentifs à son appel.

Commençons par méditer cette lettre encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale. Le Saint-Père dénonce les ombres d’un monde fermé. Dans notre pays, ce monde obscurantiste prend aussi la forme du fanatisme religieux qui s’exprime dans le terrorisme islamique. Prions pour que le cœur des criminels en herbe soit converti par le Dieu d’amour. Bonne fête de Toussaint !

La troisième encyclique du pape François a donc été signée le 3 octobre à Assise (Italie) et rendue publique le lendemain. Il s’agit d’un texte riche, foisonnant. Dans ce document structuré, présenté comme une « encyclique sociale », le pape reprend nombre d’idées qui lui sont chères, déjà développées au cours des sept années de son pontificat et qui trouvent là une forme de cohérence. Un texte qu’il faut prendre le temps de lire. Mon propos n’est pas d’en faire une présentation exhaustive. Il existe dans la presse des articles fort bien faits qui remplissent déjà cette fonction. Il me semble plus important, ici, de mettre ce texte en perspective et de formuler quelques-uns des questionnements qu’il peut susciter.

L’encyclique Fratelli Tutti est un résumé dense de la pensée du pape François sur notre monde contemporain. Il y développe des thèmes largement abordés depuis le début de son pontificat : le souci de la paix, du dialogue, de la justice pour tous, du respect de la vie… S’adressant à tous les hommes de bonne volonté, le pape invite particulièrement les catholiques à vivre en cohérence avec les valeurs évangéliques.

Dans son message de Pentecôte, le pape François, revenant sur les défis que traverse notre monde confronté à la pandémie de la Covid, exhortait l’humanité à sortir meilleure de cette épreuve. « Nous avons devant nous le devoir de construire une nouvelle réalité », affirmait-il dans un message daté du 30 mai 2020. Voici que, en ce début du mois de novembre, des pistes nous sont ouvertes pour construire cette nouvelle réalité grâce à l’encyclique Fratelli Tutti sur la fraternité et l’amitié sociale.

Notre monde post moderne est marqué par les « manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres » (FT §6). Face à cette tendance massive, le pape François suit le parcours du pauvre d’Assise, tout entier habité par l’amour de Dieu et de ses frères, faisant résonner au tournant du XIIIe siècle l’appel de Jean, le disciple que Jésus aimait : « Dieu est amour celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jn 4, 16).

C’est à un « rêve de fraternité et d’amitié sociale » que le Saint-Père nous convie, un rêve qui ne se cantonne pas aux paroles mais ouvre des pistes d’actions pour bâtir, grâce à l’engagement de tous, un monde de paix, de justice et de fraternité. Le pape François en appelle aux bonnes volontés individuelles mais aussi au monde politique et aux grandes institutions. La rédaction de l’encyclique a été marquée par la crise de la Covid-19, une crise qui « a mis à nu nos fausses certitudes » et a démontré que « personne ne se sauve tout seul » (FT § 7 et 8).

Les huit premiers chapitres de cette longue encyclique dénoncent « les ombres d’un monde fermé » que serait devenue notre époque. Dans ces temps qui sont les nôtres, des concepts aussi communs que la démocratie, la justice, le bien commun, le travail, le respect de la vie ont subi des distorsions mortifères. La vie de nombreuses nations mais aussi celle de beaucoup d’individus s’organisent désormais autour de la recherche égoïste des plaisirs, de la richesse matérielle, du profit. Cette quête insatiable nous encourage à fermer les yeux sur les sacrifiés de notre époque : les pauvres, les femmes dont le corps connaît de nouvelles formes d’exploitation, les plus jeunes comme les plus âgés… tous victimes de nouvelles mafias prêtes à tout.

Le constat est sombre et serait désespérant si le Saint-Père n’évoquait la lumineuse et éternelle figure du Bon Samaritain, cet étranger qui s’est rendu proche de l’homme tombé à terre sous les coups des brigands. Construire une nouvelle société fondée sur la fraternité et l’amitié sociale exige de chacun d’entre nous de se faire Bon Samaritain du frère que Dieu met sur notre chemin.

La société inclusive et pacifiée que le pape appelle de ses vœux nous oblige à transcender nos répulsions, nos préjugés, à dépasser aussi, quand cela est nécessaire, nos intérêts particuliers pour faire prévaloir le bien commun. Car c’est le Christ lui-même qui se livre dans tout exclu (§85). Là où la modernité auto centrée construit des murs, l’amour pour lequel nous sommes faits, construit des ponts.

Si nous consentons à sortir de nous-mêmes pour entrer dans une dynamique de charité (et telle est la vocation ultime du chrétien), nous trouverons dans l’autre aux multiples visages « un accroissement d’être » (§88).

Le pape rappelle le rôle éminent de la famille dans cette éducation à la charité et à la fraternité (§114). Il réaffirme aussi le droit inaliénable de tout être humain à vivre dans la dignité, appelant de ses vœux une nouvelle « éthique des relations internationales » (§126).

Le thème des migrations est largement abordé. Les migrants doivent être accueillis, protégés et intégrés, les nations accueillantes devant arriver à une « gouvernance globale » pour les migrations, qui puisse ouvrir des projets à long terme, en allant au-delà de la seule gestion des urgences, au nom d’un développement solidaire de tous les peuples (§129 et 132).

La seule politique dont nous avons besoin est une politique qui met l’humain, tous les humains, et tout l’humain au centre de ses préoccupations pour que naisse une société basée sur le service des autres, la réconciliation (le pape parle beaucoup du pardon) et le développement.

Parlant du danger permanent de la guerre, le pape appelle à l’élimination totale des armes nucléaires et l’utilisation de l’argent ainsi récupéré pour la fondation d’un fonds mondial pour l’élimination de la faim (§255 et 262).

Pour conclure le pape qui a fait appel à toutes les bonnes volontés, se tourne vers les religions qui doivent servir la fraternité. Il rappelle que le terrorisme n’est qu’une interprétation erronée des textes et qu’un chemin de paix.

Unis dans la prière,

 

+ Georges COLOMB
Evêque de La Rochelle et Saintes